Lorsque vous n'avez pas de règles, les médecins suivent un protocole standard pour tenter de déterminer la cause de votre aménorrhée. Ils procèdent à :
un examen physique;
une anamnèse;
probablement à des analyses de sang;
il est également assez courant de demander une échographie pelvienne.
Lorsqu'une femme dont les antécédents suggèrent une aménorrhée hypothalamique passe une échographie, il est fréquent de voir de nombreux petits follicules (également appelés "kystes") sur ses ovaires. Cela peut amener le médecin à qualifier les ovaires de "polykystiques" et à suggérer le diagnostic de syndrome des ovaires polykystiques (SOPK).
Néanmoins, l'absence de règles, avec beaucoup de follicules dans les ovaires ne sont pas des critères suffisants pour diagnostiquer un SOPK, surtout si les antécédents indiquent plutôt une aménorrhée hypothalamique.
Et comme poser le bon diagnostic est crucial, nous avons élaboré une fiche d'information pour résumer les différences entre l'aménorrhée hypothalamique et le SOPK afin de vous aider, vous et vos médecins, à déterminer quel est VOTRE diagnostic.
Nous avons aussi décidé de rendre le sixième chapitre de Je n’ai plus mes règles (La confusion AH/SOPK) disponible pour tou·te·s. Ce chapitre traite non seulement du diagnostic, mais aussi de ce qui peut se passer si vous êtes à la fois atteint·e d'AH et de SOPK, ainsi que quelques idées de traitement du SOPK et des considérations à long terme si vous êtes effectivement atteint·e de SOPK.
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Aménorrhée Hypothalamique ou SOPK : comment poser le bon diagnostic ?
Cycles irréguliers ou absents ? Ce genre de disruption est bien souvent due à un de ces deux problèmes de santé : l’aménorrhée hypothalamique (AH) ou le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Ces deux soucis partagent un certain nombre de caractéristiques, et cela peut compliquer la pose d’un diagnostic. Ici je décris l’AH et le SOPK, et comment déterminer le plus probable, pour mener au traitement le plus efficace et retrouver des cycles réguliers. Sources disponibles ci-dessous.
SOPK: critères de diagnostic
Le Syndrôme des Ovaires Polykystiques est un problème complexe avec des symptômes variés, rendant le diagnostic compliqué. Il faut remplir au moins deux de ces trois critères pour être officiellement diagnostiqué·e:
Cycles menstruels absents ou irréguliers
Hyperandrogénie
Ovaires d’aspect polykystique
L’hyperandrogénie est due à un excès d’hormones « mâles » dont la testostérone. Chez certaines personnes, cela se manifeste uniquement dans les résultats sanguins. Pour d’autres, cette hyperandrogénie se présente de manière physique avec une pilosité abondante (hirsutisme), de l’acné résistante aux traitements classiques, et souvent des soucis de régulation glycémique et d’insulino-resistance.
Une échographie permet d’observer l’apparence des ovaires. Pour être qualifiés de polykystiques, un ovaire doit présenter plus de 25 follicules ou un volume de plus 10 cc. Cela peut paraitre un détail mais il est crucial car beaucoup de personnes en AH ont aussi une multitude de petits follicules dans leurs ovaires.
Des taux élevés d’hormone anti-mullërienne (AMH) sont parfois utilisés pour poser un diagnostic de SOPK mais comme ce chiffre peut être tout aussi élevé dans le cas de l’AH, il ne peut être utilisé pour différencier les deux de manière fiable.
Confusion avec l’AH
Confondre AH avec SOPK est très facile. Une personne en AH semble déjà avoir deux des trois critères: pas de règles et des ovaires « d’apparence polykystique ». C’est pourquoi il faut aller plus loin et vérifier qu’il y a bien plus de 25 follicules entre 2-9 mm par ovaire ou des ovaires de plus de 10 cc. Environ 30% de la population a des ovaires multi folliculaires sans pour autant avoir un SOPK !
Diagnostiquer correctement l’AH
Les spécialistes du SOPK insistent qu’un diagnostic officiel ne peut être posé qu’après avoir écarté tous les autres diagnostics possibles, dont l’AH. C’est pourquoi, si une personne remplit un ou plusieurs des critères ci-dessous, il faut suspecter une AH et l’écarter AVANT de diagnostiquer officiellement un SOPK:
IMC bas et/ou perte de poids de plus de 5kg
Fracture de stress ou faible densité osseuse mesurée par une ostéodensitométrie
Habitudes alimentaires restrictives, en variété ou en type d’aliments.
Activité physique régulière (souvent excessive mais pas toujours)
Stress chronique, stress aigu ou perfectionnisme
(Pour en savoir plus sur l'aménorrhée hypothalamique, consultez le site http://noperiod.info/AH. )
Une prise de sang peut aider à poser le bon diagnostic, ainsi que les symptômes physiques des patient·e·s.
Niveaux hormonaux en AH et SOPK
Hormone | Résultat normal | Valeur attendue en cas d’AH | Valeur attendue en cas de SOPK |
---|---|---|---|
FSH | 3.0–20.0 UI/L | Faible à normal (environ 6 UI/ml) | Normal faible à normal |
LH | 2.0–15.0 UI/L | Faible à normal, moins que la FSH | Normal à normal-élevé (> FSH) |
Oestradiol | 75–550 pmol/L | Faible à normal | Normal à élevé |
Testostérone totale | 0.07–1.6 nmol/L | Faible à normal | Normal à élevé |
Testostérone libre | 0.35–22 pmol/L | Faible à normal | Normal à élevé |
Index d’androgènes libres (FAI) | 7–10 | Faible à normal | Normal à élevé |
DHEAS | 20–29 ans : 1.8–10.3 umol/L 30–39 ans : 1.2–7.3 umol/L | Faible à normal | Normal à élevé |
Androstènedione | 1.5–10.2 nmol/L | Faible à normal | Normal à élevé |
Pourquoi il faut s’assurer d’avoir le bon diagnostic
De nombreux·ses patient·e·s injustement diagnostiqué·e·s « SOPK » (mais atteint·e·s d’AH) finissent par restreindre encore plus leur alimentation et faire davantage de sport intense. Ces facteurs renforcent d’autant plus leur AH alors que leur objectif devrait être de sortir du déficit énergétique.
Poser le bon diagnostic entre AH et SOPK est essentiel car les recommendations pour la gestion de ces deux problèmes sont littéralement aux antipodes! Si votre style de vie pointe vers l’AH, ce diagnostic est probablement correct.
Références
Diagnostiquer des Ovaires Polykystiques :
Balen AH, et al. “Ultrasound Assessment of the Polycystic Ovary: International Consensus Definitions.” Human Reproduction Update. 9(6) 2003: 505-14. doi: 10.1093/ humupd/dmg044
Dewailly D, et al. “Definition and Significance of Polycystic Ovarian Morphology: A Task Force Report from the Androgen Excess and Polycystic Ovary Syndrome Society.” Human Reproduction Update. 20(3) 2014: 334-52. doi: 10.1093/humupd/dmt061
Lujan ME, et al. “Updated Ultrasound Criteria for Polycystic Ovary Syndrome: Reliable Thresholds for Elevated Follicle Population and Ovarian Volume.” Human Reproduction. 28(5) 2013: 1361-368. doi: 10.1093/humrep/det062
L’hyperandrogénie :
Liang SJ, et al. “Clinical and Biochemical Presentation of Polycystic Ovary Sydrome in Women between the Ages of 20 and 40.” Human Reproduction. 26(12) 2011: 3443- 449. doi: 10.1093/humrep/der302
Azziz R, et al. “The Prevalence and Features of the Polycystic Ovary Syndrome in an Unselected Population.” The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. 89(6) 2004: 2745-749. doi: 10.1210/jc.2003-032046
Azziz R, et al. “Criteria for Defining Polycystic Ovary Syndrome as a Predominantly Hyperandrogenic Syndrome: An Androgen Excess Society Guideline.” The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. 91(11) 2006: 4237-245. doi: 10.1210/jc.2006-0178
Sivayoganathan D, et al. “Full Investigation of Patients with Polycystic Ovary Syndrome (PCOS) Presenting to Four Different Clinical Specialties Reveals Significant Differences and Undiagnosed Morbidity.” Human Fertility. 14(4) 2011: 261-65. doi: 10.3109/14647273.2011.632058
Ferriman D, Gallwey JD. “Clinical Assessment Of Body Hair Growth In Women.” The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. 21(11) 1961: 1440-447. doi: 10.1210/jcem-21-11-1440
Kar, S. “Anthropometric, Clinical, and Metabolic Comparisons of the Four Rotterdam PCOS Phenotypes: A Prospective Study of PCOS Women.” Journal of Human Reproductive Sciences. 6(3) 2013: 194. doi: 10.4103/0974-1208.121422
Rotterdam ESHRE/ASRM-Sponsored PCOS Consensus Workshop Group. 2004. doi: 10.1093/humrep/deh098
Ovaires multikystiques chez les femmes présentant une aménorrhée hypothalamique :
Robin G, et al. “Polycystic Ovary-Like Abnormalities (PCO-L) in Women with Functional Hypothalamic Amenorrhea.” The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. 97(11) 2012: 4236-243. doi: 10.1210/jc.2012-1836
Falsetti, L. “Long-term Follow-up of Functional Hypothalamic Amenorrhea and Prognostic Factors.” The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. 87(2) 2002): 500-05. doi: 10.1210/jcem.87.2.8195
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